Biodiversité et défense du goût, un mouvement international pour une autre alimentation


Malgré les apparences, c’est en Italie, dans le Piémont des années 70, qu’est né Slow Food, le mouvement qui allait s’insurger contre la « mal bouffe » et prôner la préservation des terroirs, le retour du goût et la consommation citoyenne.
Dans ces terres de coopératives agricoles et artisanale, une poignée de jeunes dans la mouvance des activistes de gauche, adeptes d’une culture associative forte, s’est passionné pour des produits de la terre, ses plaisirs, ses saveurs. Loin de la haute gastronomie des notables, ses précurseurs hédonistes veulent alors conjuguer leurs visions politiques et les traditions gustatives : comprendre les aliments et le vin, promouvoir la richesse des patrimoines alimentaires régionaux et aussi lutter pour la biodiversité et la souveraineté alimentaire. Visionnaires, ils défendent un autre mode de vie que celui annoncé par l’ouverture du premier MacDonald à Rome, en 1986. Depuis cette date, Slow food Italie s’est tissé dans une longue histoire de collaboration, de rencontres, d’inventivité.
1989 voit la création du mouvement international à Paris. Près de vingt ans plus tard, Slow Food compte 82 000 adhérents dans 130 pays différents. On y crée des convivium (groupe régionaux), on met en avant des sentinelles (produits menacés de disparition).
Mais Slow Food qui veut relier les diversités par-delà des frontières est-il exportable ? D’un pays à l’autre, voire d’un convivium à l’autre, les idées qu’il soutient, sécurité alimentaire, solidarité, défense des producteurs des pays en développement ne font pas toujours partie du programme, certains convivium se transformant principalement en rencontre autour d’une bonne bouffe.
Slow Food se confronte aussi à un fossé criant entre la culture alimentaire des pays riches et ses plaisirs et les drames des pays pauvres. La complexité de notre monde offre maintenant de nouveaux défis à ce mouvement généreux.

Slow Food France organise sa première journée nationale le 15 septembre sur le thème de la pomme de terre, en préfiguration de l’année internationale qui aura lieu en 2008. Avec, sur tout le territoire, des ateliers de découvertes .
Cécile Mozziconacci, n°8, septembre/octobre 2007

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire